Le 29 août 70, les légions de Titus incendient et détruisent le Temple de Jérusalem*. Dans l'historiographie chrétienne, cet événement a longtemps été interprété comme marquant la fin du judaïsme, dont la mission historique cessait avec la naissance du christianisme. La recherche actuelle n'a pas totalement rompu avec ce modèle historiographique : il arrive encore que le judaïsme de la période du Second Temple, souvent appréhendée comme une période de déclin, soit étudié, non pour lui-même, mais comme toile de fond en vue de mettre en scène les premières communautés chrétiennes. Une tradition de l'historiographie juive au contraire (tradition qui trouve sa première formulation dans la Wissenschaft des Judentums et s'est développée dans la diaspora) reconnaît en 70 le véritable commencement du judaïsme, voyant dans la Michna et les Talmuds ses textes fondateurs. Cette dernière interprétation a pu faire dire, non sans paradoxe, que judaïsme et christianisme étaient deux frères jumeaux, tous deux nés aux premiers siècles de notre ère. Deux modèles historiographiques fortement connûtes qui ont en commun le déni de deux grandes périodes de l'histoire juive : la première interprétation, christiano-centrée, nie le judaïsme rabbinique, tandis que la seconde ne reconnaît pas la période du Second Temple comme appartenant à l'histoire du judaïsme.